Interview : Nad Sylvan – chanteur du Steve Hackett Band – répond aux questions de Prog-Mania après la sortie de l’album « Monumentata »

Monumentata, le nouvel album de Nad Sylvan, est sorti en juin 2025.  Prog-Mania a souhaité faire un focus sur cet album très convaincant et particulièrement réussi. Nous avons sollicité une interview auprès du musicien suédois qui a très gentiment accepté de répondre à nos questions alors qu’il est actuellement en tournée aux Etats-Unis avec le groupe de Steve Hackett.

————————

PM : Nad, ton dernier album, « Monumentata », est sorti il ​​y a quelques mois. Comment a-t-il été accueilli ?
NS : La plupart de mes fans semblent apprécier la direction que j’ai prise. Bien sûr, certains préfèrent mes premières parutions et regrettent que je ne sois pas resté fidèle à l’approche plus complexe des années 70, mais j’ai toujours eu un penchant pour la réinvention, cela fait partie intégrante de mon parcours artistique depuis mes débuts. Quant aux critiques, j’ai été vraiment surpris par leur accueil extrêmement positif. Deux d’entre elles étaient peut-être un peu négatives, et franchement, plutôt ignorantes, mais les autres ont dépassé de loin mes espérances. Je leur en suis très reconnaissant.

PM : L’album est en grande partie autobiographique, et tu as réalisé des vidéos pour la chaîne YouTube d’InsideOut où tu expliques cela. Pourrais-tu résumer ce que tu y racontes ? NS : J’ai principalement parcouru les chansons une par une, en expliquant leur histoire : leur genèse, leur évolution et les personnes qui les ont interprétées. C’était une façon pour moi d’offrir aux auditeurs un aperçu plus personnel de la création de l’album.

PM : Après « Spiritus Mundi », et son esprit folk, tu es revenu à tes racines rock, mais d’une manière différente de celle explorée dans ta trilogie « Vampire ». Comment vois-tu « Monumentata » dans ton parcours musical ?
NS : J’ai l’impression qu’il y a un peu de tout, de la trilogie et de Spiritus Mundi. J’ai conservé l’approche à la guitare acoustique de Spiritus, mais j’ai aussi revisité le côté plus rock et heavy de mon écriture, un aspect que l’on retrouve clairement sur The Bride Said No. Même si ma musique est étiquetée « rock progressif », je me considère davantage comme un artiste progressiste, quelqu’un qui aime évoluer, aller de l’avant et, je l’espère, surprendre mes auditeurs et moi-même.

Crédit photo Giuseppe Pappalettera

PM : Larsson et Jonas Reingold – qui jouaient déjà avec toi sur Agents of Mercy, ainsi que Felix Lehrmann – ont rejoint le Steve Hackett Band et tous trois jouent également sur ton dernier album. On dirait presque un album de famille. De nombreux musiciens y figurent. Comment as-tu choisi ton équipe ?
NS : Eh bien, Jonas et Lalle sont de vieux amis, en plus d’être d’excellents musiciens. Travailler avec Steve Hackett depuis 2012 m’a donné de nombreuses occasions de rencontrer et de collaborer avec des musiciens incroyables, comme Nick Beggs, Tony Levin, Guthrie Govan et bien d’autres. J’ai donc un vivier de talents assez large pour commencer l’enregistrement d’un nouvel album. Au final, tout est une question de disponibilités.

PM : Tu es souvent en tournée avec Steve Hackett pendant de longues périodes : comment as tu trouvé le temps d’écrire, de composer et d’enregistrer « Monumentata » ? NS : En effet, je suis très occupé par les tournées tout au long de l’année, alors j’emporte mon ordinateur portable et un petit clavier MIDI pour enregistrer toutes les idées qui me viennent à l’esprit. De retour chez moi, je rassemble tout et j’évalue ce qui pourrait fonctionner pour le prochain album ; c’est là que commence le processus de peaufinage.
Il m’arrive même d’enregistrer des parties vocales dans ma chambre d’hôtel qui finissent sur l’album final. Si j’ai de la chance, j’ai quelques mois de pause, et c’est là que je peux vraiment me concentrer sur la finalisation de l’album.

Crédit photo Michaela LX

PM : Nous avons mentionné plus tôt que ton dernier album est profondément autobiographique, avec des paroles très personnelles. Mais la musique elle-même est aussi indéniablement personnelle. Qu’est-ce qui rend ta musique si personnelle, selon toi, et comment parviens tu à conserver cette individualité malgré une immersion aussi profonde dans la musique de Genesis pendant toutes ces années, notamment lors des tournées Genesis Revisited ?
NS : Je suis un auteur-compositeur passionné depuis 1973, et plus on explore la musique, plus elle devient son propre vocabulaire. Quel que soit le style ou la forme musicale que l’on aborde, sa marque de fabrique sera toujours présente. Mes ingrédients principaux, outre la narration, ont toujours été la mélodie, l’harmonie, les lignes de basse groovy et le rythme. J’ai aussi toujours été un arrangeur passionné.

PM : Que signifie le titre de l’album, « Monumentata » ?
NS : Le morceau-titre est un hommage à mon père, décédé l’année dernière à l’âge de 96 ans. Ma mère était partie depuis de nombreuses années, et le sentiment accablant d’être orphelin était véritablement monumental. « Tata » est une façon enfantine de dire « papa » dans certaines régions de Hongrie, et mon père était à moitié hongrois. Alors, quand je chante Monumentata, c’est vraiment un cri pour mon père, pour la perte de quelqu’un que je n’ai jamais vraiment connu.

PM : Cet album regorge de superbes chansons. Tu as joué à la fois du clavier et de la guitare sur de nombreux morceaux. Sur « That’s Not Me », par exemple, tu as joué les deux. C’est une chanson très rock avec un riff de guitare puissant. Ce riff était-il la première partie que tu as composée et enregistrée, la base sur laquelle tu as construit toute la chanson ? Et plus généralement, comment abordes tu habituellement la composition et l’enregistrement ?
NS : Oui, tout à fait. Je jouais sur ma Strat quand j’ai soudainement trouvé un riff que j’aimais vraiment, et c’est devenu la base de la chanson. Quand je suis inspiré, expérimenter au clavier peut aussi accélérer l’écriture. C’est important pour moi d’ajouter des esquisses vocales précoces, car cela contribue à l’évolution du morceau. Si je n’arrive pas à chanter sur une idée, inutile de continuer, je passe simplement au morceau suivant qui me vient généralement à l’esprit, où que je sois. Je fredonne souvent des idées dans mon téléphone – que ce soit un riff, une mélodie vocale, ou même juste un rythme. Je ne m’assois jamais au clavier pour essayer de forcer quelque chose, tout doit venir naturellement dès le départ.

Crédit photo André Motta

PM : Envisages tu de partir en tournée avec tes albums solo ?
NS : C’est le rêve. Je n’ai jamais été complètement seul auparavant, et pour être honnête, l’idée est un peu intimidante. Tout me reposerait sur les épaules : trouver de bons musiciens abordables, et couvrir tous les frais : salaires, nourriture, hôtel et voyages. Mais croyez-moi, j’adorerais que ça se réalise.

PM : Ta collaboration avec Roine Stolt sous le nom d’Agents of Mercy a donné naissance à trois albums fantastiques. Y a-t-il une chance qu’un autre album voie le jour ?
NS : Il ne faut jamais dire jamais, mais je ne le parierais pas. Nous sommes tous les deux très occupés par nos propres projets : lui avec The Flower Kings, et moi avec Steve Hackett et ma carrière solo.

PM : Alors, quelle est la prochaine étape ?
NS : Continuer simplement à faire ce que j’aime. J’espère sortir un nouvel album d’ici fin 2027. Et les tournées avec Hackett ne semblent jamais s’arrêter…

PM : Y a-t-il autre chose que tu aimerais partager avec nos lecteurs ? Des nouvelles ou des exclusivités ?
NS : Pour l’instant, non. Il y a encore quelques projets en préparation, mais je préfère les taire dans l’immédiat.

https://www.nadsylvan.com/

https://www.facebook.com/nad.sylvan

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Le temps imparti est dépassé. Merci de recharger le CAPTCHA.