Pacôme Rotondo : chronique album « Crimson Reverie » (sortie le 16/05/25. Auto produit – Inouïe Distribution).
Pacôme Rotondo nous a surpris par la qualité, la diversité et la maturité de son premier album – « World Of Confusion », sorti en 2023 – qui a permis de découvrir par la même occasion sa maîtrise remarquable de la guitare, dénominateur commun de ses compositions.
Deux petites années plus tard, le jeune guitariste français est donc de retour avec un second opus intitulé « Crimson Reverie ». Deux ans, c’est très court pour imaginer, concevoir et mettre en forme une dizaine de titres – neuf pour être précis – d’autant plus que le power trio en charge du premier album s’est étoffé avec l’arrivée d’un claviériste. … Ce défi a-t-il été relevé ?… (*)
Pacôme Rotondo ne s’est pas endormi sur ses lauriers, comme le dit la célèbre expression populaire !… Il est allé de l’avant car il a fait le choix de proposer quelque chose de différent ou plutôt d’évolutif. Le blues-rock électrique du premier album a, en partie, laissé la place à un heavy blues encore plus percutant. Pour concevoir « Crimson Reverie », il a déclaré avoir puisé une partie de son inspiration dans Led Zeppelin, Black Sabbath mais également dans Pink Floyd. Les neuf titres ne sont donc pas construits sur un modèle unique – loin de là – à l’instar du premier album. C’est un élément qui est particulièrement intéressant avec ce musicien, à savoir cette succession permanente de sonorités et de contrastes, de tempos qui s’opposent et qui s’entrechoquent tout en s’agrégeant parfaitement et donc, in fine, de surprises permanentes.
Les claviers sont intégrés avec beaucoup de nuances et de subtilité. Ils sont, d’une manière générale, positionnés en arrière-plan, en « habillage ». Ils laissent le pouvoir à la guitare de Pacôme Rotondo, omniprésente, toujours incisive, merveilleuse de justesse et aux sonorités très affutées.
L’album débute avec « Lying in the Desert » – typé hard rock – suivi de « Moonlit Beans » au son plus lourd et moderne, rappelant un peu Gary Moore, et là on se dit que le rythme de « Crimson Rêverie » va être effréné, brutal et bourré de décibels… Eh bien non, car le morceau éponyme qui suit est aux antipodes avec son rythme en apesanteur, aérien, psychédélique, floydien avec une voix simplement posée et un magnifique solo délié de plus de quatre minutes en conclusion.
« Hearts Burning Bright », le titre suivant, est un blues rock plus traditionnel. Il précède une très belle balade jouée à la guitare acoustique « « A Man Needs », habillée par une voix « soupirante ».
Le titre « Back From The Storm » (un tube en puissance) met en avant un piano très « Queen » en ayant pourtant une trame initiale orientée rock garage/post punk qui s’ouvre avec un riff ravageur aussi simple qu’efficace, avant de se conclure avec un solo très énergique. Le septième titre, « Interlude II », est un instrumental qui bénéficie d’une très belle introduction au piano, un peu rock progressif dans l’esprit, et qui nous offre dans son déroulé un duo guitare/piano de toute beauté, tout en finesse.
L’avant dernier titre, la reprise de « For What it’s Worth » de Buffalo Springfield, est logiquement typé old southern blues avec sa guitare resonator. Raoul Chichin y participe et contribue à apporter de l’émotion et de la couleur à ce très beau titre. L’album « Crimson Reverie » se conclue avec « Is The Word ? » – le titre le plus long de l’album – une balade qui démarre en slide à la guitare acoustique avant de monter fortement en puissance.
J’avoue avoir été bluffé par la conception de cet album. On y retrouve bien évidemment la dextérité guitaristique de Pacôme Rotondo, aussi à l’aise en proposant des solos ravageurs qu’en donnant de l’âme à des ballades jouées à la guitare acoustique. Sa voix fait naturellement partie intégrante de sa signature sonore d’ensemble, avec sa texture rauque, caillouteuse, toujours un peu à la limite tout en étant puissante. Mais c’est surtout sa capacité d’écriture qui est étonnante. Les différents morceaux sont parfaitement élaborés et mis en forme, sans redondance, avec une sophistication qui mérite d’être soulignée, s’agissant de rock.
« Crimson Reverie » est une très belle réussite. Le défi a été relevé avec un brio incontestable !… (*) 18/20
Tracklist : 1/ Lying In The Desert 2/ Moonlit Beams 3/ Crimson Reverie 4/ Hearts Burning Bright 5/ A Man Needs 6/ Back From The Storm 7/ Interlude 8/ For What It’s Worth 9/ Is The World
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