Steven Wilson : chronique « Hand. Cannot. Erase. »

Héritier du Prog des seventies, en particulier de Pink Floyd et de King Crimson, cela ne fait plus de doute. Steven Wilson  a toujours défendu ses valeurs musicales jusqu’à devenir une encyclopédie humaine du genre, et reconnu artistiquement par ceux que l’’on a appelé beaucoup trop tôt et exagérement les dinosaures du Rock. Il a su au cours de ces dernières années attirer un public qui puise largement dans les dernières générations et qui, si l’on sait être optimiste, s’’intéresse de plus en plus à l’’authenticité du discours musical, sans arrière vue commerciale.

Pourtant on sent Steven Wilson capable de tout faire depuis longtemps et le titre éponyme par son format, son rythme catchy, sa mélodie prégnante pourrait figurer en bonne position dans les Charts à côté de Coldplay… si seulement son ’auteur le souhaitait !

Chacun des disques de Steven Wilson est sensiblement différent. Ici on a effectivement parfois un côté pop facilement accessible , le titre éponyme et aussi « Perfect life » traité trip hop agréable, et « Happy Returns » le côté « folkleux au coin du feu » de Steven Wilson avec ses  « doo doo doo lalalala ».

Dans cet opus le musicien abandonne ostensiblement les côtés Jazz-Rock de son répertoire (la disparition du saxo de Théo Travis est significative, ainsi que le relatif retrait dans le mix de la basse de Nick Beggs qui utilise de plus en plus son Chapman stick).

pochette steven wilson hand cannot erase

Nouveauté aussi, la présence de  voix féminines : Ninet Tayeb  magnifique et aussi la narration dans « Perfect Life » de Katherine Jenkins.

Malgré des influences présentes ici et là,  Steven Wilson fait sa propre musique et nous offre  un paysage musical bien plus personnel que dans ses disques précédents. L’’ensemble est beaucoup plus homogène, sans aucun passage que l’’on aurait qualifier de long ou d’’ennuyeux même si c’’est une musique qui a besoin de prendre son temps et qui respire avec la poésie et la puissance qui lui est habituelle. Les amateurs de longs morceaux que sont en général les fans de Prog ne sont  pas déçus avec le sublime « Ancestral » (13 mns) et la suite que constitue « Home invasion/Regret/Transcience » (14 mns).

Les qualités de mélodiste hors pair de Steven Wilson suintent tout au long du disque. Porcupine Tree semble bel et bien oublié, et le combo magnifique dont il a su s’’entourer pour donner du relief à ses mélodies ne nous le fait pas trop regretter. Nous avons droit à 2 super guitaristes : Steven Wilson  bien sûr, et l’extraordinaire Guthry Govan qui sait tout faire (le solo d’’Ancestral semble sortir des doigts magiques de Joe Bonamassa !). Adam Holzman peut arriver à nous faire oublier le grand Richard Barbieri et Marco Minneman se hisse sans difficultés à hauteur de la finesse de Gavin Harrison. Et que dire de la basse « Squirienne » de Nick Beggs !

Côté paroles « Hand…. Cannot. Erase. »  se veut un concept album autour de l’’histoire vraie d’’une jeune anglaise ayant beaucoup de relations, mais toutefois retrouvée seule chez elle à Londres 2 ans après son décès. Solitude dans notre société de communication, amour impossible, indifférence, lâcheté dans nos relations, temps perdu. Deux amies qui ont vécu comme des soeœurs pendant quelques mois mais qui n’’ont jamais cherché à se revoir (Perfect life). Un frère qui revient mais son retour indiffère car « les années ont passé comme des trains qu’’on salue mais qui ne ralentissent pas » (Happy returns ).… Non, dans notre société du clic, du clip et du zap,… « la main ne peut pas réinitialiser cet amour »…. Pas gai tout cela, mais c’’est l’’univers de Steven Wilson.

Il est notoire  que Steven Wilson s’’occupe personnellement depuis toujours de la production de ses disques. Ici pas de démarche outrageusement vintage malgré les instruments utilisés, mais une attention particulière au son que peuvent donner ces instruments en 2015  avec l’’aide incontournable des logiciels numériques (d’’ailleurs il a créé sa propre version du EastWest Ghostwriter VI).

photo Steven-Wilson-2014

Ainsi le mellotron de « 3 years older »  est le même que celui de « In the court… » (1969) mais ici il sonne tout aussi profond, plus aérien, moins inquiétant aussi. Le minimoog de « Regret » est magique grâce à un traitement de délai numérique. Chick Coréa n’’aurait pas pu le faire sonner de cette manière en  1974. Ainsi que du Fender Rhodes de « Home Invasion » : un délice avec la batterie, qui donne l’’impression d’’être au coeœur de l’’instrument. La voix de Ninet Tayeb est aussi parfaitement  intégrée dans le mix sonore d’’une manière envoûtante à la fin de « Routine ». Sans compter les Phaser, Chorus et autres effets Leslie qui raviront les guitaristes de tout poil ! Rien de froid contrairement aux  beaux bidouillages des années 90′. L’homme a progressé et on peut dire la même chose de sa voix plus agréable qu’’avant.

Du grand art à écouter sur une bonne chaine Hifi pour associer plaisirs mélomane et audiophile.

Steven Wilson est un grand du Rock et de la musique tout court !

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Chronique écrite par Topprog

http://handcannoterase.com/

https://www.facebook.com/StevenWilsonHQ

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