Beth Hart : chronique « Better Than Home »

Trois ans après l’éclectique et excellent « Bang bang boom boom » et ses escapades nostalgiques avec le très talentueux Joe Bonamassa, Beth Hart nous revient avec un album plutôt calme. Exit la Californie et Kevin Shirley et « hello NYC » où elle a enregistré ce disque avec des musiciens de studio et de nouveaux producteurs. Les musiciens sont entièrement au service des compositions originales et de la voix de la chanteuse. Pas l’ombre d’un solo de clavier ou de guitare sur ces compositions plutôt lentes et langoureuses qui flirtent parfois avec la ouate folk de Tracy Chapman (Better then Home, St Theresa, Mechanical heart). Seuls 3 morceaux sont à peine énervés et seul l’excellent « Trouble » et son introduction tonitruante peut être qualifié de Blues-rock.

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La ballade n’est bien sûr pas un terrain inconnu pour Beth Hart, mais une terre de prédilection qui a donné naissance à ses plus beaux morceaux (LA Song, Leave the light on,etc.). On sait que sur scène qu’elle n’est jamais plus admirable que seule au piano à nous susurrer une de ses compositions languissantes. Dans la forme tout est parfait, les compositions ne s’étirent pas, c’est souvent joli, agréable à écouter et parfois touchant (Mechanical heart, Mama…), sans sur-instrumentation et avec quelques cuivres et cordes plutôt discrets. Cependant elles sont parfois un peu ennuyeuses, les confessions de Beth hart ! Musicalement parlant il n’y a pas de surprises. Les paroles sont loin d’être poétiques (« je me suis levé ce matin avec un sourire sur mon visage…. »). Elle chante très bien et l’enregistrement met en valeur sa voix, même si on peut toujours déplorer ce vibrato agaçant qui semblait avoir un peu disparu sur le dernier disque (même la guitare s’y met ici !).
A l’instar du dernier opus de son ami Joe Bonamassa qui nous propose un blues plutôt conventionnel, il n’y a pas de surprises pour l’auditeur et ça sent un peu le « déjà entendu ». Pourquoi faire des morceaux sans saveur comme « Tell her you belong to me » qui auraient pu être enregistrés de la même façon en 1955 ?
Je trouve un peu dommage que des musiciens de ce niveau et de cette réputation, qui n’ont déjà plus grand-chose à prouver prennent aussi peu de risques musicaux. On ne leur demande certes pas de faire du rock progressif mais quand même de nous surprendre, de nous émerveiller de moments de grâce, peut être par des ruptures rythmiques, des déstructurations harmoniques ou des envolées instrumentales comme dans le trop court passage de « We’re still living in the city ».
Rien de tout cela malheureusement, de la chanson, certes intime et apaisée, mais qui musicalement n’apporte rien d’excitant à l’auditeur. Ces deux américains, excellents musiciens, bêtes de scène, sont peut-être enfermés dans les schémas de la chanson américaine standardisée. Ont-ils peur de déplaire à un public formaté et traditionaliste, ou pire pas assez géniaux ou inspirés pour nous titiller un peu plus agréablement les oreilles ? Le vieux songwriter John Hiatt est nettement plus inspiré et excitant dans ses derniers disques !
Bon gageons que sur scène, dans son arène, Beth Hart nous fera encore frémir et Jo nous enverra de beaux solis avec sa Gibson !

14/20

  • Chronique écrite par Topprog

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