Interview LAZULI : juillet 2015

Dominique Leonetti, guitariste et chanteur de LAZULI, a accepté de répondre aux questions de Prog-Mania.

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Tu as récemment annoncé lors d’un concert qu’un nouvel album de LAZULI est en préparation.

Peux-tu nous donner quelques informations sur l’état d’avancement de cet album, sa genèse, etc. ?

Il est plus qu’en préparation puisque les enregistrements sont pratiquement terminés ! Nous allons maintenant fignoler certaines choses et sans doute attaquer les mix dans l’été…  Je ne saurai pas véritablement parler de la genèse de cet album car les chansons sont arrivées sans crier gare, et le processus qui nous a mené jusqu’au disque n’est pas très clair. « Tant que l’herbe est grasse » ne datant que  de 2014, nous n’avions pas programmé un autre album si tôt mais l’inspiration et l’envie de partager de nouvelles choses a dû nous donner des ailes. J’avais pas mal écris au court de l’été 2014, nous avions la matière pour enregistrer et nous ne nous en sommes pas privés. Encore un peu de boulot pour y voir plus clair et nous annoncerons bientôt une date de sortie, mais j’imagine qu’avant la fin 2015 nous le lâcherons dans la nature…

Y aura-t-il des thématiques sur la liberté, la politique et sur les sujets d’actualités ?

Ces thèmes, je les ai souvent abordés dans les albums précédents et ils seront encore présents dans celui-ci. Je ne suis pas encore libéré de mes démons et de mes préoccupations. Le monde ne m’y aide pas !!! Que j’allume ma télé, que je regarde autour de moi ou que je sonde mon âme, les mêmes choses se bousculent et j’éprouve toujours le besoin d’en parler. J’aborde sensiblement les mêmes thèmes mais de façons différentes par moment. Il y aura notamment une chanson très politique, claire et sans détours. J’ai déversé pas mal de choses dans ces nouvelles chansons, et bien que les sujets abordés ne soient encore une fois pas vraiment légers (j’y parle de la mort par exemple). J’ai l’impression que cet album sera plus « lumineux » que ses prédécesseurs, plus désinvolte, plus détaché, plus contemplateur mais paradoxalement tout autant introspectif.

Ce nouvel album sera le 3ème, après « 4603 battements » et « Tant que l’herbe est grasse », à voir le jour après la modification en profondeur du Line-up de LAZULI.

Les méthodes d’écriture des textes, de la musique, ainsi que les arrangements au sein de l’équipe actuelle sont elles différentes de l’ancienne période ?

Comment se sont déroulées les phases d’écriture du nouvel album ? Y a-t-il une orientation générale ? Chacun apporte t’il ses idées ?

Ces 3 derniers albums ont tous commencé par l’écriture des textes. Je ne les ai mis en musique qu’en deuxième temps. L’écriture et la composition sont des choses très personnelles et la solitude s’impose, en tous cas pour moi. J’ai la chance aussi que cette méthode fonctionne avec Lazuli et que tout le monde y trouve son compte. Je me sens vraiment en confiance avec Claude, Ged, Vincent et Romain. Leur bienveillance est telle que j’écris en toute liberté, sans avoir l’angoisse de leur présenter les chansons. Ce n’était pas le cas avec l’ancien line-up. Du coup , cette osmose rend la participation de chacun plus facile et indispensable. Chacun d’entre eux s’approprie le morceau et y  offre sa couleur, en toute liberté. Toutes les idées sont les bienvenues. Et quand cela ne roule pas, nous nous concertons et nous nous appuyons sur celui qui a la vision la plus limpide. Ce rôle passe de main en main suivant la sensibilité du moment. Cette confiance mutuelle et nos compétences respectives permettent ce travail relativement serein. Claude, Ged et moi travaillons beaucoup sur les chansons et Vincent et Romain ayant moins de temps à consacrer au groupe, ont une vision plus détachée, c’est intéressant. La phase d’arrangement est une étape importante, aujourd’hui avec ce lazuli là, je sens le partage, le mélange, le dont de soi, l’exaltation et l’humilité de la part de chaque membre et paradoxalement un grand respect de  ma vision d’origine. Pour être honnête, je ne vivais pas cela avant.

pochette LAZULI tant que l'herbe est grasse

Je trouve que les  sonorités de LAZULI sont très modernes.

Partages-tu mon point de vue ? Dans l’affirmative, est-ce une volonté délibérée de la part des musiciens, ou bien cela s’est-il décliné d’une manière naturelle ?

Je ne suis pas bien placé pour en parler mais j’ai l’impression de cette modernité aussi (peut-être tout le monde ne sera pas d’accord). Si j’analyse un peu notre couleur, j’ai la sensation que nous nous sommes détachés de nos influences depuis longtemps et que la singularité de notre univers donne quelque chose de particulier, sans recettes réchauffées (si ce ne sont les nôtres), et donc peut-être des sonorités plus ancrées dans le présent.

Tout ceci n’est pas calculé, il n’y a pas de véritable volonté de coller à notre époque (d’autant plus que j’ai tendance à en préférer d’autres). Il y a juste l’envie de se livrer sans costumes et de faire une musique personnelle.

Ce nouvel album sera-t-il, comme les précédents, auto-produit ?

Quels sont pour toi les avantages et les limites de cette formule ?

Oui, « auto-produit », pour être plus précis nous avons monté notre propre label « L’abeille rôde ».

L’autonomie a des inconvénients. Nous n’avons aucun ou très peu de moyens financiers, donc pas ou peu de promo, pas de crédibilité auprès de certains médias, auprès de certaines salles de spectacles et j’en passe… L’avantage : nous faisons les disques que nous voulons et cette liberté n’a pas de prix. Nous travaillons avec de nombreux distributeurs sans aucune exclusivité, c’est beaucoup de travail mais plus direct et plus en adéquation avec le coté artisan que nous revendiquons. Bien sur, si nous rencontrons un jour la personne idéale, le label de confiance, pourquoi pas… mais pour être sincère, nous ne cherchons et n’attendons plus cela depuis longtemps ! Ne vaut-il pas mieux être seul que mal accompagné ? Pour l’instant nous survivons de notre musique, c’est déjà bien mais c’est bien là aussi les limites de cette formule, pour franchir certaines marches, il faut être aidé. Notamment pour ne plus avoir l’appréhension des fins de mois !

Dans notre cas, c’est en même temps un choix de vie (suite à notre frilosité après quelques signatures et expériences amères) et une situation forcée (suite à la frilosité ambiante des maisons de disques pour les groupes de notre acabit).

Mais à mon avis, un groupe a plus besoin de tourneurs que de labels. C’est plus cela que nous recherchons. Nous voyons la différence entre la France et l’Angleterre où nous avons quelqu’un qui travaille pour nous.

LAZULI fait à peu près autant de  concerts à l’étranger qu’en France.

Chanter en français à l’étranger n’est donc visiblement pas forcément rédhibitoire. Qu’en penses-tu ?

Je croyais, par ce qu’on me le disait, que le français ne pouvait pas dépasser les frontières du pays, mais je n’ai jamais cédé aux sirènes de l’Anglais pour autant (bien que ma culture musicale soit plus Anglo-Saxonne!). S’exprimer dans sa langue maternelle est toujours plus direct me semble-t’il. La preuve en est que notre sincérité est perçue au delà de la compréhension des mots. Y-a-t’il peut-être même un certain exotisme à chanter en français ?!  Ou alors les autres pays sont-ils plus ouverts que nous le pensons et plus que nous croyons l’être ???!!! Nos concerts en Allemagne et dans grand nombre d’autres pays d’Europe, voire même nos excursions outre Atlantique, nous ont prouvé que c’était possible. Et même au pays des Beatles, où l’on sait les groupes Francophones très rares, nous avons la chance de partager nos mots et notre musique. Nous en sommes les premiers surpris mais quel bonheur !!!

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Vous terminez vos concerts en jouant tous les 5 sur un marimba.

Comment est née cette idée, très spectaculaire et originale lors de vos prestations scéniques ?

Elle est née d’un amusement. J’avais proposé ça pour déconner et ce qui devait être un moment unique pour un concert, c’est avéré devenir un moment presque toujours inévitable. Il devient difficile de ne plus clôturer nos concerts par cet instant !

LAZULI a un talent immense, mais ce groupe n’a pas la reconnaissance qu’il mérite, notamment en France.

Comment peut-on expliquer cela ? Est-ce dû à une information/promotion difficile pour ne pas dire inexistante de la part des médias traditionnels pour ce type de musique ?

Je te remercie mais peut-être que tout simplement tout le monde ne considère pas que nous ayons du talent. Peut-être est-ce simplement à cause de cela ! Quoiqu’il en soit, nous n’avons pas d’amertume sur le sujet, juste la frustration de ne pas partager notre musique un peu plus. Je ne saurai expliquer les raisons de cette difficulté qui touche un grand nombre de groupes français. Il y a une incohérence entre ce que nous vivons tous les jours, à savoir le retour incroyable des gens qui suivent Lazuli et le désintérêt, le mépris des décideurs. Cette reconnaissance du public est bien palpable mais ne semble pas titiller les médias traditionnels !

Et c’est là où je salue la présence, contre vents et marées et sans complaisance, de Prog Mania et quelques autres…

LAZULI est  tête d’affiche du Festival QUADRIFONIC de Chadrac (43) le 5 septembre prochain.

Est-ce une suite de ta collaboration avec JP Louveton de NEMO, qui l’organise et sachant que tu apparais sur son dernier album solo « JPL » sorti en 2014 ?

JP m’a fait le beau cadeau de m’inviter sur son album, j’en suis très flatté !!! Ce n’est pas vraiment suite à cette collaboration puisque nous nous connaissons depuis plus longtemps que cela avec Némo. Nos routes se sont croisées régulièrement sur des festivals et nous les apprécions beaucoup. Ils sont adorables, plein de passion et de talent. Nous attendons avec impatience de partager une fois de plus la scène avec eux. J’espère que le Quadrifonic sera un succès, ils le méritent ! Venez-y nombreux !

Quels sont vos projets immédiats ?

La finalisation du nouvel album est bien sur dans nos priorités et  nous préparons également les concerts à venir, notamment notre tournée au Royaume-Uni en octobre/ novembre.

Merci, Dominique, d’avoir consacré du temps à répondre aux questions de Prog-Mania.

Avec grand plaisir !

logo LAZULI

Musiciens : Claude LEONETTI : Léode, Chœurs – Gédéric BYAR : Guitare – Dominique LEONETTI : Chants, Guitare, Mandoline – Romain THOREL : Claviers, Cor d’harmonie, Chœurs – Vincent BARNAVOL : Batterie, Percussions, Chœurs.

http://www.lazuli-music.com/

https://www.facebook.com/Groupe.LAZULI

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