PENDRAGON : chronique album « Love Over Fear »

PENDRAGON : chronique album « Love Over Fear » (2020)

Voici un titre particulièrement d’actualité à l’heure ou cette chronique est écrite… Oui, l’amour sera bien présent au-delà de la peur !

La sortie d’un disque de PENDRAGON est un événement toujours attendu par les amateurs de Rock Progressif, ce groupe faisant partie intégrante de son histoire. Il aura été nécessaire d’attendre 5 longues années, mais cette attente est grandement récompensée !

La pochette est peut être l’une des plus belles du groupe à ce jour, avec la peinture de Liz Saddington qui évoque bien sûr fortement le style du japonais Hokusai (sa célèbre estampe « La grande vague »).

Pendragon reste toujours un groupe surprenant. Nick Barrett, leader historique, fait partie de ces musiciens qui ne font aucun compromis avec le monde du show-biz et du « paraître ». Donc, aucune velléité de tube interplanétaire de 3 minutes : ça n’est pas son sujet. Il produit son art, contente ses fans, tout en suivant sa propre inspiration. Ainsi « Believe » avait un peu surpris à sa sortie en 2005, en présentant un côté un peu moins Prog dans son contenu. Avec « Men Who Climb Mountain », sorti en 2014, l’amorce d’un come-back vers du Prog « plus authentique » semblait déjà amorcée.

Avec ce nouvel opus on peut dire que le tour est joué ! Plus la moindre orientation « métallisante » (pas de guitares lourdes, pas de double pédale à la batterie) ! Nick a aussi éliminé les samples ennuyeux, voire inutiles, des disques précédents. La batterie revient plus dans l’esprit (le jeu de Jan Velazco est définitivement moins lourd que celui du néanmoins excellent Scott Higham, et tout aussi précis et fin que celui de Graig Bundell qui œuvrait sur le précédent opus. Ce qui surprend à la première écoute, c’est la voix de Nick Barrett. J’ai toujours aimé cette voix rocailleuse, perchée avec ce petit accent de l’Ouest de l’Angleterre. Ici toute velléité de vouloir « imiter » le phrasé de Chris Martin (Coldplay) est écartée. Il n’a sans doute jamais aussi bien chanté et il est même surprenant dans « Starfish and the moon » où il va chatouiller le registre de Jon Anderson ! Sa voix se bonifie avec l’âge !

Pour ce qui est de la musique, tous les aficionados de « The World » et autres anciens albums se retrouveront dans cet opus qui est peut être le meilleur et le mieux construit du groupe. Il bénéficie d’abord d’une attention toute particulière à l’enregistrement, parfaitement équilibré dans tous les registres. Et aussi sur les sons qu’apprécieront les amateurs du genre : travail sur la guitare excellent (trémolos, chorus, vibe, phaser, delay et réverbes modernes…) qui met en valeur les différentes guitares utilisées. Les claviers de Clive Nolan sont lumineux et le bon vieux mellotron est à l’honneur, « Water » , « Who really are we », et « Eternal light » qui n’est pas sans évoquer un passage de « Entangled » de Genesis. Globalement la tonalité est moins sombre que dans le disque précédent. Mention spéciale pour le lumineux et sautillant « 360 degré » où Nick a « piqué » la mandoline de Steve Howe et le violon de Zoé Devenish qui intervient aussi sur « Soul and the sea » et aux backing vocals (une première !). Ce morceau a une couleur très celtique et il est très bien construit avec divers rebondissements : un chant de l’océan, des marins perdus dans leurs rêves alcoolisés, un univers qu’apprécie particulièrement Nick Barrett…

Ce qui rend l’écoute de ce disque passionnante : aucun morceau, aucun solo ne s’étire en longueur, avec aucun ennui pour l’auditeur. Nick semble avoir trouvé le parfait équilibre dans la construction de ses morceaux . A noter, deux morceaux sublimes avec Nick Barrett au piano qui a bien progressé sur cet instrument.

Bien sûr, le groupe a une signature sonore reconnaissable et « Water » peut évoquer dans sa construction mais aussi dans le chant du début le sublime « A man of nomadic traits ». Les rythmiques sont comme d’habitude toujours carrées. Il ne faut pas s’attendre à du 9/8, mais à du bon binaire avec la basse toujours solide de Peter Gee. En nouveautés, le violon et un peu de trompette bouchée et de saxophone, mais vraiment à la marge. Les guitares sont sublimes, et on retrouve souvent ces arpèges lumineux à la 12 cordes qui évoquent le Genesis de ses débuts. Les soli stratosphériques de Nick sont bien présents, avec ce doigté fantastique digne des plus grands !

Aucune faute de gout dans cette œuvre, vraiment ! Il est aussi intéressant de s’arrêter sur les paroles de Nick Barrett, toujours empreintes d’écologie et d’humanisme (« We belong to the sea, we belong to the earth, we belong to the sky, we belong to the light, the soul and the sea can be free »). Pas étonnant quand on connait la générosité et la sympathie que dégage cet homme sur scène, et quand on a eu l’occasion de le rencontrer !

  • album recommandé par Prog-Mania

(Chronique rédigée par Topprog)

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Nick Barrett, Lyon 2014 © Prog-Mania.com

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