Gabriel Keller, chronique album « Clair Obscur » (2022)
Gabriel Keller entre par la grande porte et d’une manière remarquable dans l’univers des créateurs de sons et d’ambiances Prog Rock. Ce premier album comporte, comme il l’explique lui-même, 10 titres dispatchés en 2 parties. Une première partie claire, lumineuse, flirtant parfois un peu avec la pop, teintée d’influences de groupes tels que Pink Floyd, Pendragon, The Beatles… Une seconde partie plus obscure, sombre et parfois torturée, relativement bousculée avec des inspirations de groupes comme Opeth, Porcupine Tree, Tool…
Gabriel Keller n’a pas fait dans la demi-mesure pour mettre en œuvre et construire cet album. Multi instrumentiste de talent, il a parfaitement compris que pour tendre vers la réussite pour ne pas dire la perfection, il est nécessaire de s’adjoindre les services et les talents d’autres musiciens et de chanteurs de qualité ou plutôt de chanteuses dans le cas présent. Quatre chanteuses officient en effet avec beaucoup de brio et de vie sur les 7 titres concernés. Je ne peux pas m’empêcher de donner une sorte de « mention spéciale » au magnifique morceau « Melancholia », sublimé par le chant divin de Charlotte Gagnor. Une douzaine de musiciens ont contribué à la réalisation de cet album, ce qui lui permet d’avoir un spectre sonore particulièrement large, ubiquiste et très souvent inattendu.
Les 10 titres qui le composent surprennent en permanence l’auditeur en l’emmenant sur des chemins souvent imprévus, parfois atypiques, mêlant les oppositions de style et les contrepoints, un peu comme le fait Arjen Lucassen avec AYREON. Chaque titre est un univers à part entière, dense, sophistiqué, pluriel, toujours construit avec une rigueur parfaite, qui rien à voir avec l’univers du titre précédent. Les textes des chansons sont rédigés à la fois en anglais et en français, ce qui accentue encore un peu plus le côté « surprise », sachant que chacune des 4 chanteuses a pu écrire dans la langue de son choix.
Le morceau « Honey », magnifiquement chanté par Marine Poirier, très métal et particulièrement rythmé est un bon exemple de l’ouverture d’esprit de Gabriel Keller. Il met en œuvre et agrège avec visiblement beaucoup de facilité les multiples facettes des sonorités de la galaxie du rock. Aucune barrière n’existe dans « Clair Obscur » où l’on peut entendre des chants cristallins, de la guitare acoustique, du violoncelle, du piano, des solos de guitare électrique, des chœurs, mais aussi des « gros » sons hyper saturés essentiellement dans la seconde partie.
Cet album est passionnant d’un bout à l’autre, la réussite est totale. Hautement recommandé par Prog-Mania !
—————————
Tracklisting : 1/ Tumulte 2/ Time 3/ Train To Resolution 4/ Open Arms 5/ Melancholia 6/ Sonate Au Clair De Lune 7/ Nothing Human 8/ Out Of My Life 9/ Honey 10/ Accalmie
Line-up : Gabriel Keller – guitars, percussions, bass, backing vocals / Lucas Biguet-Mermet – drums (1, 6, 7, 8, 9) / Simon Rebuffat – drums (2, 3, 4, 5) / Charlie Henry – guitars / Clément Berthie – guitars / Anthony Barbier – guitar solo (4) / Marius Marin – guitars / Lucie Lacour – Cello, backing vocals / Emi B – vocals, backing vocals – Anne-Marguerite Solt – backing vocals / Charlotte Gagnor – vocals, backing vocals / Marine Poirier – vocals, backing vocals / Maïté Merlin – vocals / Julien Mailland – bass / Clément Barou – piano / Jean-Charles Montibert – strings arrangements / Quatuor MajusculeS – strings / Jérôme Aubernon – solon violin (6) / Sos Section – brass section / Pierre Lagache – brass arrangements (8).