Interview Blues Rock : Pacôme Rotondo se présente à PROG-MANIA à l’occasion de la sortie de son premier album « World of Confusion »

« World of Confusion », le très réussi premier album du power trio de Pacôme Rotondo, est disponible depuis le 13 Octobre 2023 via Rock & Hall. Le jeune musicien français, compositeur, guitariste et chanteur, a très gentiment accepté de répondre à nos questions.

PM : Quelques mots pour te présenter : comment es-tu arrivé dans l’univers de la musique ? De la
guitare ? D’où viennent tes choix musicaux, très orientés Blues et Blues Rock ? Quelles sont tes
sources d’inspiration et tes références ?

PR : Pacôme Rotondo, 22 ans, tombé dans l’univers de la musique depuis toujours et dans celui de la guitare
depuis l’âge de 9 ans ! J’aime effectivement le blues rock. C’est une musique à laquelle je m’identifie,
et pour laquelle je me sens concerné. J’ai effectivement pas mal de références dans les 60’s/70’s/80’s (Hendrix, Gallagher, Deep Purple, Cactus, Albert King, John Lee Hooker, SRV, etc.), mais aussi avec des artistes plus modernes (Joe Bonamassa, Philip Sayce, Jared James Nichols, etc.). Il y a du bon a prendre dans toutes les époques ! J’ai beaucoup écouté de métal aussi, au lycée notamment, Megadeth, Saxon,
Motorhead, Testament, Black Label Society, etc. Encore aujourd’hui, ce sont des groupes que
j’écoute et qui m’influencent. J’adore la manière que James Hetfield a de chanter. Il y a un album en
acoustique de Metallica assez récent, Helping Hands, où James montre l’étendue de son talent vocal.

PM : D’ailleurs, définir ta musique comme étant du Blues/Blues Rock, est-ce totalement le reflet de la
réalité ?

PR : Je ne pense pas que ce soit totalement le reflet de la réalité. Je n’ai jamais été un grand fan de
vouloir classifier la musique dans une case bien précise. J’ai l’impression qu’artistiquement cela
nous bride dans la création. C’est à mon sens plus que du blues rock. Cet album est en quelque
sorte le reflet de toutes mes influences, de tout ce que j’écoute. J’essaie de proposer un condensé de
ce que j’aime musicalement, avec ma vision et mon interprétation. Le rock et le blues représentent
effectivement une grosse partie de l’équation, mais on peut ressentir aussi mes influences hard rock/
métal, pop à certains endroits aussi.

PM : A ce propos, ressens tu un intérêt fort pour le Blues Rock aujourd’hui en France, ou bien penses tu que cette musique soit plutôt cantonnée à certains amateurs ?
PR : Je pense qu’il existe un réel intérêt pour le Rock Blues en France. Il suffit de voir le nombre de
festivals qui sont « spécialisés » dans le style. Je pense que cette musique ne se cantonne pas qu’aux
puristes. Quoique, si on reste dans le traditionnel, le Chicago Blues à l’ancienne cela
parle peut être moins aux jeunes. Mais le Blues Rock étant tellement large, il est difficile de ne pas
y trouver son compte. On peut aborder la branche plus funk/soul, plus rock, plus soul, plus jazz, il y
en a vraiment pour tous les goûts et tous les grooves. On peut y trouver son compte aussi bien
dans les vieux groupes (Albert King) que dans les groupes récents (Handsome Jack). C’est au
programmateur d’amener cette variété de styles dans les festivals, les concerts, afin de faire
découvrir la richesse du style et d’en dépoussiérer l’image.

PM : D’une manière plus large, le rock fonctionne t’il toujours dans notre pays ? Les nouveaux groupes
ont-ils leurs chances ?… Ressens tu un renouveau du rock français ? Avec quels groupes, le cas
échéant ?

PR : Oui le rock marche toujours. Le rock n’est pas une mode à mon sens, il existera toujours. Je pense que
les groupes de rock ont encore une chance de marcher en France aujourd’hui, bien que ça ne soit
pas gagné d’avance. C’est un style qui encore aujourd’hui parle à la jeunesse. Je pars du postulat
qu’avec du travail, de la persévérance et un vrai propos artistique tous les groupes ont leur chance,
toutes esthétiques confondues. Après il est vrai qu’en France la tradition musicale n’est pas au rock
(contrairement à nos voisins européens), et qu’il est assez difficile de le défendre chez nous. Il faut
essayer de regarder large et de voir ça sur la scène européenne. Les groupes français ont aussi leur
chances à l’étranger. On peut prendre l’exemple de Laura Cox qui est une représentante française
internationale du Rock Blues. La scène française regorge de talents, je prend l’exemple de PALES, un
groupe de Punk Rock strasbourgeois qui commence a avoir de belles opportunités. Les groupes
émergents sont nombreux ! Il faut croire en la jeunesse ! Dans un autre registre, plus pop rock et
avec une belle couverture médiatique, il y a KO KO MO. Cela peut être une porte d’entrée au rock. Il
suffit à l’auditeur de trouver sa porte d’entrée, quelque chose qui lui parle pour qu’il ait la curiosité
de découvrir l’océan de groupes qu’il y a derrière et de ce fait, se « durcir » l’oreille.

PM : Concevoir, écrire les morceaux, enregistrer un premier album, trouver un label : cela n’a-t-il pas
été trop la « galère », notamment lorsque l’on est un jeune artiste comme toi ? Quels ont été les
« clés » pour y arriver ? La décision de faire ce premier disque a-t-elle été évidente à prendre ?

PR : Si, tout cela est une expérience singulière. C’est un saut total dans l’inconnu. La partie artistique
est la plus simple dans l’histoire. C’est là où l’on s’exprime et où on prend du plaisir. La composition
c’est l‘aspect le plus agréable de la conception d’un album. Composer avec Sacha et Nathan est
une aubaine. Les gens n’imaginent pas le côté administratif et logistique qu’il y a derrière,
surtout quand tout est autoproduit, car il y a tout a faire et il faut tout faire. Et ça c’est moins rock’ n
roll : trouver le bon studio, la conception graphique de la pochette, le pressage des CD, des
vinyles, la gestion des délais, savoir être l’intermédiaire entre les personnes, la création du clip,
réunir tout le monde avec les agendas chargés des uns et des autres, la pression financière. Sans
parler du stress de l’enregistrement ! Je pense que la seule clé c’est l’abnégation, et il faut avoir un
coté têtu pour faire aboutir un tel projet. Il faut avoir les épaules solides, savoir s’organiser et
surtout s’avoir bien s’entourer. Faire un CD c’est faire des choix, constamment. Il ne faut pas avoir
peur des les assumer. Il faut croire à 100% à ce que l’on fait. Si on commence à trop douter c’est
mort, et ça n’avance plus, il faut foncer, tête baissée, tout en prenant en compte les avis de personnes
qui sont déjà passées par là pour éviter de faire les mêmes erreurs. Un bon rétro planning permet
de bien échelonner et d’anticiper les échéances. Savoir budgétiser le projet est aussi important,
l’argent étant le nerf de la guerre. Avec un bon prévisionnel on évite, ou du moins on réduit, le
risque d’avoir des mauvaises surprises et cela peut permettre d’avancer plus sereinement. La
décision de faire ce premier album s’est imposée comme une évidence, malgré tous les sacrifices
et le stress que cela engendre. Et puis il faut savoir se lancer, prendre des risques, être
entreprenant. L’expérience de ce premier album sera bénéfique pour le suivant. Maintenant on
sait exactement comme cela fonctionne de A à Z
.

PM : Les morceaux de ton premier album « World of Confusion » sont assez différents les uns des
autres dans leur univers et dans leur conception : est-ce un choix délibéré ou bien cela est-il venu
naturellement au fil de l’inspiration et de l’écriture ?

PR : Tout cela est venu naturellement. Comme je l’ai évoqué précédemment mes influences
musicales sont assez larges car je suis un boulimique de musique. Cela se ressent sur l’écriture. Avec
Sacha et Nathan on s’est rendu compte qu’on écrivait des morceaux aux univers différents, et
cela nous a plu. Après coup, on s’est dit que cela peut éviter la sensation de lassitude qu’on est susceptible
d’avoir quand on écoute un CD en entier. Là ça n’est à mon sens pas le cas puisque c’est varié.
Cependant, tous les morceaux ont un fil rouge les uns avec les autres. Cela permet d’avoir un
album cohérent.

PM : Penses tu que le chant en anglais soit incontournable dans le rock ? La question s’est elle posée
de chanter en français sur cet album ?

PR : Je ne sais pas si c’est incontournable. Je ne le pense pas, la langue française est belle ! Et certains
l’ont démontré avec brio (Téléphone, Noir Désir, etc.). Après la tradition veut que cela se fasse en
anglais, et c’est à mon sens mieux ainsi. L’anglais marche bien pour ce style, car c’est une langue
chantante. Toutes mes influences sont anglophones, donc le chant en français ne s’est pas
imposé.

PM : Quelle est ta méthode pour composer, pour structurer les titres et écrire les paroles ?
PR : Il n’y a pas de méthode miracle, sinon ça serait trop facile ! Cependant, cela part souvent d’un
riff que j’amène, ou d’une suite d’accords, puis on brode autour avec les copains. L’essence de la
création c’est l’improvisation. Sacha et Nathan on une grande part de liberté dans l’écriture. Ils
apportent aussi leurs idées. Quand tout le monde prend part au processus créatif, tout le monde
est tiré vers le haut. C’est bénéfique et c’est au service de la musique. Je suis aussi à leur écoute,
ce sont mes oreilles extérieures en quelque sorte. En plus nous sommes assez proches pour
pouvoir se dire les choses. On ne passe par quatre chemins quand une idée est mauvaise. On a
une alchimie à trois quand on improvise, on est complices. Puis, quand on arrive a quelque chose
qu’on juge musicalement intéressant, on le fixe. On écrit une structure et on l’enregistre, puis on y
revient dessus plus tard avec un peu de recul. Parfois on se rend compte que finalement ce
n’est pas top, et parfois c’est la bonne surprise, on a cette sensation d’avoir trouvé le bon filon.
Puis quand musicalement tout est fixé, que j’ai trouvé les idées de mélodies à la voix, j’écris les
textes. J’aime bien cet exercice, seul, dans mon bureau. Je me retrouve en face d’une feuille de
papier. C’est un peu une sorte d’introspection.

PM : La guitare est l’un des éléments majeurs de ton style : quel matériel utilises tu (guitares, amplis,
effets…) ?

PR : Tout à fait, la guitare occupe une place prépondérante dans mon style. La guitare est le
prolongement de moi-même. Je me définis plus comme un guitariste chanteur qu’un chanteur
guitariste d’ailleurs. Même dans les mix de l’album, on a fait le choix de mettre les instruments au
même niveau que la voix. La voix se fait « bouffer » a quelques endroits car elle n’est pas mise en avant
comme de manière habituelle. C’est voulu, ça permet de laisser la place aux instruments. En
terme de matos, pour l’enregistrement du CD j’ai été « minimaliste ». Un seul ampli (un Fender
SuperSonic 22), une Strat, une Les Paul, un Dobro et une guitare acoustique (qu’on retrouve sur
le titre Dancing Queen). Les effets sont assez limités aussi, un delay qu’on retrouve sur quelques
titres, une Fuzz (que j’adore) et une Wah Wah. Et puis le meilleur des effets c’est encore les
doigts du guitariste ! La prise de son est aussi importante. Pascal Coquard, l’ingé son avec lequel
on a travaillé pour l’enregistrement et les mix, a lui aussi une part très importante dans le rendu
sonore final.

PM : La release party de l’album s’est déroulée récemment : quels ont été les premiers retours ?
PR : C’était un super concert, le public a afflué et il était à fond !!! Ça fait plaisir ! Les retours ont été
excellents, c’était vraiment un bon moment. Un titre live de la Release Party est d’ailleurs
disponible sur Youtube
.

PM : Quel est ton plan de marche ? Quelles sont tes ambitions et tes futurs projets ?
PR : Maintenant il faut défendre le CD sur scène, et 2024 sera l’occasion de nous voir en live. L’ambition
est de continuer de développer le projet, et de prendre en ampleur afin de s’imposer de plus en
plus sur cette scène blues rock ! On continue activement d’écrire de nouveaux titres pour
préparer la suite !

https://www.facebook.com/pacome.rotondo.3

Line-up album : Pacôme Rotondo (guitare & chant), Nathan Bechet (basse), Sacha Fuhrmann (batterie)


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