Laurent Galichon, le leader du groupe de rock RED BEANS & PEPPER SAUCE, a très gentiment accepté de répondre aux questions de PROG-MANIA à l’occasion de la sortie de l’album « Supernova » sur lequel participent de nombreux invités : Fred Chapellier, Manu Lanvin, Yarol Poupaud, Emmanuel Pi Djob, Boney Fields, Johnny Gallagher, Sax Gordon & Fred Wesley.
PM : Pour les lecteurs et amateurs de rock qui découvriraient RED BEANS & PEPPER SAUCE, peux-tu présenter le groupe en quelques mots :
LG : Les premières années, l’objectif était avant tout de s’amuser en composant et écrivant des titres dans un style blues-rock avec des amis musiciens de la région. Les choses ont pris une tournure plus sérieuse en 2013 lorsque le groupe a remporté le tremplin du Cahors Blues Festival. C’est en 2015 seulement que l’équipe actuelle a sorti son premier album, marquant ainsi le début d’une aventure plus ambitieuse.
PM : D’où vient le nom du groupe ? A-t-il une signification particulière ?
LG : Ce nom puise ses racines dans l’histoire de notre musique. Nos influences sont variées, du rock anglais des années 60-70 à la soul américaine de la même époque, en passant par le rock fusion des années 90. Mais au final, tout vient du blues, né dans le sud des États-Unis. Les haricots rouges symbolisent cette musique : omniprésents dans la cuisine du Sud, ils peuvent être l’ingrédient principal ou un simple accompagnement, mais ils sont toujours là, tout comme le blues dans notre son. Je voulais un nom qui évoque à la fois ces origines, mais aussi la façon dont nous nous l’approprions, en la jouant à notre sauce – une sauce bien relevée !
PM : Quelles sont vos principales influences musicales, et comment se reflètent elles dans votre son ?
LG : Ce qui nous caractérise le plus, c’est notre capacité à fusionner des influences parfois opposées : d’un côté, un rock puissant, porté par des guitares incisives, et de l’autre, une musique plus groovy, où la basse et la batterie prennent le lead. Chacun de nous puise dans ces deux univers, et nous aimons les mélanger. Même dans nos morceaux où la guitare est dominante, avec des tempos lourds, il y aura toujours un groove rythmique en arrière-plan. Et inversement, dans nos titres les plus funky, un riff de guitare tranchant viendra toujours rappeler l’essence rock du groupe.
PM : Le style du groupe s’est-il créé naturellement, ou bien y a-t-il eu l’envie de mettre en place un son et un style nouveaux qui tranchent avec ce qui existait déjà ?
LG : Je pense que cela vient naturellement. C’est simplement l’association des musiciens qui composent le groupe qui définit notre son. C’est une alchimie qui se crée quand on joue, une interaction instinctive entre nous, chacun réagissant à ce que proposent les autres. Je ne suis même pas sûr qu’on puisse faire autrement. Pendant les séances d’enregistrement, certains morceaux peuvent évoluer de manière radicale, devenant parfois plus rock, parfois plus funky. Mais quelle que soit la direction choisie, il y a une identité qui ressort naturellement, une signature qui fait que, peu importe les arrangements, je reconnais toujours l’essence du groupe.
PM : Combien avez-vous sorti d’albums ?
LG : ‘Supernova’ et le huitième album depuis le tout début en 2010 et le sixième réalisé avec Niko Sarran à la production.
PM : Qu’est-ce qui vous distingue des autres groupes dans la scène rock actuelle ? Peut-être ce côté funk et festif qui émane de beaucoup de titres ?
LG : On me parle aussi souvent des moments où chaque musicien peut prendre un long solo pour s’exprimer pleinement. À une époque, ce genre d’instants avait un peu disparu, mais notre public, amateur de rock 70’s, nous les réclame !
PM : Concernant le processus créatif, comment travaillez-vous pour créer vos morceaux ? Comment naissent les différentes idées ? Y a-t-il un membre qui prend en charge l’écriture des paroles ou la composition, ou bien est-ce un effort collaboratif ?
LG : Je commence par travailler seul dans mon home studio, en développant des idées qui me viennent sur l’instant ou que j’ai enregistrées tout au long de l’année et compilées sur mes disques durs. En général, j’enregistre une piste batterie et une piste basse de façon sommaire, puis j’envoie le tout à Niko Sarran, batteur et producteur de l’album. À partir de là, les morceaux évoluent souvent de manière radicale, car Niko est un batteur très créatif, capable de transformer totalement l’atmosphère d’un titre en proposant un pattern original. Une fois qu’il me renvoie ses pistes, je rebondis sur ses idées et finalise presque entièrement l’arrangement du morceau. C’est à ce stade que j’écris le texte et enregistre une voix témoin avant d’envoyer le tout à Serge Auzier (claviers) et Pierre Cordier (basse). Chacun apporte alors ses propres idées, qui peuvent à nouveau influencer la direction du morceau. Un véritable ping-pong créatif commence alors entre nous, depuis nos home studios respectifs. Une fois la structure bien en place, je travaille avec Jessyka sur l’enregistrement des voix, en affinant les mélodies, harmonies et chœurs. Ce n’est qu’une fois ce travail terminé que le morceau part au mixage chez Niko pour la touche finale.
PM : Peux-tu nous parler du dernier album du groupe, « Supernova » : Quelle était votre vision initiale derrière ce projet ? Vos objectifs musicaux ont-ils tous été atteints ? Comment est-il né ?
LG : L’idée de départ était de retrouver un équilibre plus marqué entre les genres, après un dernier album très orienté classic rock, avec des riffs de guitare assez lourds. Cette fois, nous voulions revenir à un mélange plus évident entre rock et soul, en explorant davantage cette fusion qui fait notre identité et nous sommes très très heureux et fiers du résultat.
PM : Si tu devais choisir un titre de cet album pour introduire quelqu’un à votre musique, lequel choisirez-tu et pourquoi ?
LG : Au final, le morceau qui nous représente le mieux est sans doute notre reprise de ‘Sly and the Family Stone’. On voulait lui insuffler une énergie rock assumée, tout en préservant un groove qui donne envie de danser et nous sommes vraiment content du résultat. C’est également un titre où nous avons eu de nombreux invités, ce qui illustre bien notre volonté de partager, que ce soit avec des amis musiciens ou avec le public. En dehors de ce titre, les dix compositions originales forment un ensemble cohérent, difficile à morceler. Blues, rock, funk, desert rock, soul, classic rock… Le groupe a beaucoup de cordes à son arc et c’est compliqué d’en faire le tour en un seul titre.
PM : Il y a un grand nombre d’invités « de haut niveau » sur cet album, français et étrangers : comment as-tu réussi à convaincre de participer au projet « Supernova » ? La collaboration créative s’est-elle déroulée facilement ? Qu’ont-ils apporté par rapport aux précédents albums ?…
LG : En réalité, il n’a pas vraiment été nécessaire de les convaincre, car nous avons invité des musiciens avec qui nous avions déjà un lien. Certains, comme Manu Lanvin, font partie de notre cercle proche depuis une dizaine d’années, et nous avions déjà collaboré ensemble. D’autres, comme Fred Wesley, représentent ces rencontres exceptionnelles que l’on fait une fois dans sa vie, mais qui suffisent à créer une connexion forte, que nous voulions retranscrire en musique. L’enregistrement s’est fait parfois à distance, en raison de l’éloignement géographique, comme pour Sax Gordon aux États-Unis ou Johnny Gallagher en Irlande. D’autres artistes sont venus directement au studio de Niko, comme Rabie Houti et Boney Fields. Nous nous sommes aussi déplacés, notamment à La Chocolaterie, le studio de Manu Lanvin, où j’ai eu le plaisir de l’enregistrer. Et puis, il y a eu cette session magique avec Fred Wesley, un moment inoubliable. Se retrouver en studio avec une légende pareille, c’est quelque chose de formidable. Il ne fait pas simplement partie des musiciens qui maîtrisent cette musique, il fait partie de ceux qui l’ont inventée. Son influence est immense, et enregistrer avec lui a été une véritable leçon. Mais au-delà de ça, le résultat de toutes ces collaborations a dépassé nos espérances. Chaque invité a apporté sa propre énergie, sa personnalité, et à chaque prise, les morceaux prenaient de l’altitude. Ils ont élevé les titres auxquels ils ont participé, les poussant à un niveau supérieur. C’est ce qui s’est produit à chaque enregistrement, une transformation progressive, un enrichissement naturel qui a donné encore plus de relief à l’album.
PM : RED BEANS a déjà réalisé un certain nombre d’albums. Peut-on parler d’évolution du groupe dans sa musique depuis sa création jusqu’à « Supernova » ?
LG : Oui, clairement, dès les premiers albums, on percevait déjà ce mélange entre rock et soul, avec une forte empreinte blues. Au fil du temps, on a exploré différentes directions : parfois plus blues rock, parfois plus classic rock, avec même quelques incursions heavy. Aujourd’hui, on revient à un équilibre plus naturel entre toutes nos influences. Mais il n’y a jamais eu de plan défini, tout évolue spontanément. On compose et on avance au gré de nos inspirations, sans chercher à prédire quelle sera la prochaine étape.
PM : L’album « Supernova » est sorti début février : avez-vous des concerts ou des festivals programmés prochainement, ou as-tu d’autres précisions à apporter ?
LG : Oui, bien sûr ! Des dates sont déjà prévues, avec des concerts à Bordeaux, en région parisienne, en Savoie et dans l’Est. Cet été, on sera sur plusieurs festivals, et à l’automne, on prépare une date parisienne qui pourrait bien réserver quelques surprises… et peut-être même des invités spéciaux !
Line up : Jessyka Aké (chant), Laurent Galichon (guitare), Serge Auzier (claviers), Pierre Cordier (basse),
Niko Sarran (batterie)
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